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teur » dans Masques et Bouffons. C’était une houppelande de soie noire sur un maillot et un gilet rouges ; pour coiffure, un bonnet noir à pattes. Toto, long et svelte, s’accommodait on ne peut mieux du classique accoutrement de Pierrot ; mais l’habit de Frontin, a rayures groseille et blanches, de la seconde pièce, l’avantageait encore plus. Rodolfo avait découvert, au Temple, une livrée admirable, trop grande pour lui, qui venait de la valetaille d’un archevêque. Estelle, qui devait enfouir sa jolie figure sous le masque d’Arlequin, prenait sa revanche dans le Tricorne : la toilette d’Inès lui allait à ravir, avec la berthe de dentelle, l’éventail pailleté et surtout la jupe traînante, qui la faisait tout à fait une grande demoiselle. Pour moi, il me semble bien que le corselet de velours vert et la double jupe, en soie rayée, de Colombine m’allait mieux que le tablier de Marinette. Le costume de Valère était le plus brillant : on avait taillé, dans de la toile d’or moirée, le haut-de-chausse, et la veste qui s’ouvrait sur un jabot de dentelle. Le travesti allait très bien à ma mère, qui prenait un air crâne sous la grande perruque blonde et le chapeau à plumes. Mais, malgré le peu de longueur du rôle, elle était loin d’être sûre d’elle. Son accent italien, la difficulté qu’elle avait à retenir et à bien scander le vers français, lui rendaient sa tâche assez ardue. Mon père, pour lui fournir l’occasion de briller un peu et de faire entendre sa belle voix, ajouta