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le second rang du collier

possible de ne pas avoir un pied-à-terre à Paris. Mon père loua donc un petit appartement, 15, rue de Grammont. C’était au second étage, sur une cour ; il se composait d’une antichambre, d’une tirs vaste pièce avec une alcôve et d’un grand cabinet qui n’avait de jour que par une cloison vitrée. Mon père et ma mère, quand ils devaient dîner en ville, venaient s’y habiller, plutôt que de retourner à Neuilly, et, ce jour-là, ils y couchaient. Nous y restions quelquefois tous, après les soirées passées au théâtre.

Sommairement meublé, assez négligemment entretenu par la concierge, ce logis terne et obscur ne nous plaisait guère ; mon père s’en lassa vite et, après avoir trouvé une combinaison meilleure pour nos sorties du soir, il donna congé de l’appartement. On avait fait la découverte, à Neuilly, d’un loueur de voitures, le père Girault, qui se montra assez raisonnable, et avec lequel mon père conclut un arrangement. Il venait nous prendre à notre porte, pour nous conduire au théâtre, où nous le retrouvions, vers minuit, et il nous ramenait chez nous.

Pendant bien des années, les guimbardes du père Girault, que Théophile Gautier appelait « ses carrosses de gala », nous trimbalèrent sur la longue route, de Neuilly à Paris et de Paris à Neuilly. Nous allions à toutes les premières des principaux théâtres, à ceux dans lesquels mon père avait une