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V


Tous les jeudis, il y avait réception à Neuilly. Il ne s’agissait pas de visites brèves, autour d’une tasse de thé : nos amis arrivaient d’assez bonne heure, surtout dans les saisons clémentes, vers quatre ou cinq heures, dînaient et passaient la soirée. Quelques-uns venaient seulement après le repas.

À chacun de ces dîners hebdomadaires, quelques personnes étaient invitées, spécialement ; d’autres étaient de fondation, et venaient quand elles voulaient.

Parmi celles-ci, l’une des plus fidèles était madame Sabatier, l’amphitryone fameuse, qui avait su réunir pendant si longtemps à sa table tous les artistes de son époque, celle que l’on appelait « la Présidente », titre que mon père lui avait donné.

Je l’avais toujours connue et j’avais pour elle beaucoup d’amitié. Quand j’étais toute petite fille, elle avait voulu faire mon portrait, car elle peignait de gentilles miniatures, avec un art très délicat, que lui avait enseigné Meissonier lui-même. Il me fallait donc aller poser, et, pour cela, je passais des