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le second rang du collier

à propos du poème en prose de Baudelaire, les Bienfaits de la lune :

Nous ne connaissons d’analogue à ce morceau délicieux que la poésie de Li-Taï-Pé, si bien traduite par Judith Walter, où l’impératrice de la Chine traîne parmi les rayons, sur son escalier de jade, diamanté par la lune, les plis de sa robe de satin blanc…



Une nuit, tout le monde dormait dans la maison, toutes lumières éteintes, quand un violent coup de sonnette retentit.

J’avais le sommeil très léger : je fus éveillée la première et je me levai, très effrayée. J’allai dans la chambre de ma mère, qui s’éveillait aussi, mais croyait avoir rêvé ce coup de sonnette.

— C’est quelque farceur, dit-elle.

Cependant elle se leva, ouvrit la fenêtre, poussa les persiennes et se pencha au dehors en criant d’une voix terrible :

— Qui est là ?

Un grand éclat de rire lui répondit et, en même temps, une voix bien connue disait gaiement :

— C’est le père Dumas !… le grand Dumas !… que son fils vous amène.

Tout le monde était sur pied, maintenant ; de sa chambre mon père se penchait à son tour vers la rue, aussi surpris que charmé par cette visite imprévue.