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le second rang du collier

d’esprit », et nous étions persuadés qu’il comprenait tous les mots de la langue. On s’amusait à lui dire des choses flatteuses, qu’il écoutait avec complaisance, puis, sans quitter l’intonation caressante, des injures et des gronderies : aussitôt son nez se fronçait, il montrait les dents en faisant les plus drôles de mines. Il n’y avait pas moyen de le tromper : au moindre mot désagréable, les protestations commençaient. Il s’essayait aussi à parler et faisait même de longs discours, dans une langue inconnue, mais étonnamment expressive.

C’était surtout quand mon frère venait à Neuilly que l’éloquence de Dash atteignait son apogée. À n’en pas douter, il racontait, au nouveau venu, ce qui s’était passé à la maison, depuis sa dernière visite : Toto s’intéressait, posait des questions, mettait en doute la vérité des narrations. Dash affirmait, se récriait, nous donnant le spectacle d’une scène impayable.

Mais, malgré tout son esprit, Dash n’était pas beau et ne tentait pas le pinceau des artistes ; ils lui préféraient la mine fanfreluchée de la niaise Myrza.

Donc Madarasz faisait le portrait du bichon de la Havane, qui posait très bien, étant de nature peu remuante et ne différant guère d’un chien empaillé.

Nos après-midi, assez maussades, quand le père était absent, s’égayaient de la présence du jeune