Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/327

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
319
le second rang du collier

dant, nous n’admettions pas que le père se montrât irrité contre nous, et quelquefois, pour des gronderies plus graves, nous nous fâchions tout à fait, ne lui parlant plus, lui tenant rigueur longtemps. Cela le mettait hors de lui.

— Dans une heure, on aura fini de bouder et on m’aimera comme avant ; sinon, je sévirai ! disait-il.

— Je ne te dois aucun amour, répondais-je ; la Bible est formelle dans ses commandements : « Tes père et mère honoreras… » Elle ne parle pas de les aimer ; désormais, je vais t’honorer.

Alors il me poursuivait d’objurgations extraordinaires, jetant contre moi ses pantoufles, sa pipe, tous les objets légers qu’il trouvait à sa portée, en me criant :

— Veux-tu bien finir cette comédie ! veux-tu, tout de suite, me manquer de respect !



C’est à Saint-Jean, près de Genève, chez Carlotta Grisi, que Théophile Gautier composa en grande partie et termina son roman : Spirite. La beauté du site, la douce solitude de ce séjour, la grâce souriante de la châtelaine, le charmaient et l’inspiraient tout spécialement.

De l’autre côté du Rhône, qui longeait la propriété dans une course folle de torrent, le mont