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le second rang du collier

mer quelque pitance plus substantielle que celle qu’elle avait pu se procurer, elle s’annonçait par des cris, toujours les mêmes. Si l’on ne prenait pas garde à l’arrivée d’une personne de son importance, elle paraissait très vexée, montait alors, saut par saut, les marches de l’escalier, et se plantait devant le premier qu’elle rencontrait, lui disant très clairement :

— Comment ! c’est moi, et on ne m’offre rien ?…

Margot divertissait beaucoup Théophile Gautier ; il ne manquait jamais, en rentrant, de demander où elle était.

Dash et Mirza, à part quelques discussions et chamailleries de camarades, faisaient bon ménage avec les chats et la pie. Mon père, qui redoutait les chiens à cause de la rage, avait une vive affection pour ces deux-là. La vertu de Mirza, même, lui tenait au cœur plus que de raison, et, au moindre risque qu’elle courait, il entrait dans des colères disproportionnées. Si, par malheur, nous avions laissé ouverte la porte de la rue et que quelque chien, en faction sur le trottoir, eût tenté de s’introduire dans le vestibule, il éclatait en imprécations terribles, affirmant qu’il allait nous arracher les boyaux, comme un taureau furieux, pour les tirer jusqu’au fond du jardin, les dévider lentement sur un rouet d’ivoire, ou bien nous scier entre deux planches de bois mouillé, avec une scie ébréchée.

Ces menaces ne nous troublaient guère. Cepen-