Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/113

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lui eût-il servi ? Elle était sans doute fermée par quelque secret ou quelque serrure compliquée, dont la clé avait dû être retirée d’avance.

Dans le paroxysme de son désespoir, Benedict maudissait Dieu et les hommes ; il leva le poing vers le plafond obscur, à défaut de voûte céleste, et frappa violemment le plancher, ne pouvant conculquer plus directement la face de la marâtre Cybèle.

Le plancher rendit un son sourd et caverneux, car Benedict trépignait précisément sur la trappe dont nous avons parlé.

Une joie immense envahit son cœur en entendant résonner ainsi ses pas sur le vide : l’espoir d’une évasion lui rendit sur-le-champ son énergie et son sang-froid. Il s’agenouilla, et, tâtant le plancher avec les mains, il se mit à chercher en tous sens s’il ne trouverait pas quelqu’anneau, quelque bouton ou ressort qui fit jouer la trappe.

Il rencontra bientôt l’anneau, et, avec des efforts inouïs, il parvint à soulever la lourde planche.

L’air froid du souterrain lui fouetta la figure, et le gouffre lui apparut vaguement, plus sombre que l’obscurité, et plus noir que la nuit.

Où pouvait conduire cette ouverture ? était-ce le commencement d’un passage souterrain, ou bien un puits où l’on jetait le corps des victimes ? était-ce le magasin de cadavres d’une compagnie de Burkeurs ? allait-il trébucher sur des ossements amoncelés ou sur les tables garnies d’une morgue clandestine ?

Un médecin capricieux avait eu peut-être la