Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/142

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neur de votre père et la vertu de votre mère, par votre sang de gentilhomme, par votre âme de chrétien, par votre parole d’homme libre, par la mémoire des héros et des saints, sur l’Évangile et sur l’épée, et, au cas où notre religion ne serait qu’une erreur, par le feu et l’eau, sources de la vie, par les forces secrètes de la nature, par les étoiles, mystérieuses régulatrices des destinées, par Chronos et par Jupiter, par l’Achéron et par le Styx, qui autrefois liait les dieux. S’il est au monde une formule plus irrévocable, je l’ignore ; mais quand vous avez écrit ces lignes, vous avez cherché tout ce qu’il y a de plus redoutable et de plus sacré pour donner de la force au serment que ce papier contient.

— C’est vrai, répondit Arundell.

— J’avais besoin de vous, continua Sidney, et en vertu des droits que cet écrit me donne, je suis venu vous chercher, puisque vous ne veniez pas.

Benedict, comme accablé, baissa la tête et ne répondit point.

— Lorsque vous serez plus calme, continua Sidney, je vous dirai ce que j’attends de vous et ce que vous aurez à faire.

Cela dit, sir Arthur se retira, fermant après lui le panneau à coulisses, et la Belle-Jenny, poussée par un bon vent, entra dans la pleine mer.


FIN DU TOME PREMIER.