Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/169

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du malade. Mais la substance qu’il renfermait ne produisit pas l’effet qu’on en eût dû attendre ; au lieu de sortir de son évanouissement, Volmerange semblait s’y plonger plus avant, et les efforts qu’il avait faits pour aspirer l’odeur excitante paraissaient avoir épuisé le peu de forces qui lui restaient.

Le passant, qui s’était intitulé médecin, bien qu’il vît la pâmoison du malade se prolonger, continuait à lui tenir sous les narines le flacon qu’il eût dû retirer, voyant son effet inutile.

À la syncope paraissait avoir succédé la léthargie. Volmerange, les bras flottants, le tronc affaissé, la tête vacillant d’une épaule à l’autre n’était plus qu’une statue inerte.

Précieuse invention, murmura le bizarre médecin, très-satisfait du singulier résultat de son assistance : le voilà dans un état convenable ; il ne sait plus s’il est au ciel, sur terre ou en enfer ; on peut le prendre et l’emporter sans qu’il s’en aperçoive plus qu’un ballot ou un mort de huit jours. Il irait en Chine comme cela. Mais avisons s’il passe quelque voiture où je puisse le loger. Et il s’élança au milieu de la route, comme pour voir de plus loin.

Il n’eut pas besoin de rester longtemps à son poste d’observation. Une voiture de place se dirigeant vers Londres d’un train inconnu aux cochers de fiacre continentaux apparut avec un rayonnement et un tonnerre de roues à l’horizon du chemin.

Le prétendu médecin fit signe au cocher. La voi-