Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/178

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rêve : c’était par la main des hommes et non par celle des esprits qui peuplent le sommeil de merveilles impalpables, que ces colonnes avaient été cannelées, ces plafonds peints, ces bas-reliefs fouillés. Il ne reposait pas sur un banc de nuages, mais sur un lit authentique. Il voyait bien là-bas une énorme pivoine de la Chine épanouir sa touffe écarlate, dans un pot de porcelaine du Japon. Les parfums chatouillaient son nerf olfactif d’un arome bien réel. La figure de l’Indien, quoique digne des pinceaux de la fantaisie nocturne, présentait des ombres et des clairs parfaitement appréciables, et se modelait d’une façon toute positive. Il n’y avait pas moyen de douter.

Se soulevant sur le coude, Volmerange adressa au long fantôme blanc la question classique en pareil cas, et dit comme un héros de tragédie, sortant de son égarement : « Où suis-je ? »

— Dans un lieu où vous êtes le maître, répondit l’Indien en s’inclinant avec respect.

À ce moment, un frisson de clochettes se fit entendre derrière un rideau ; les anneaux grincèrent sur leurs tringles, et un troisième personnage pénétra dans la salle.