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CHAPITRE XII.


Une jeune fille, d’une beauté inouïe et revêtue d’un riche costume indien, fit son apparition dans la chambre, apparition est le mot, car on l’eût plutôt prise pour une Apsara descendue de la cour d’Indra que pour une simple mortelle.

Son teint singulier dans nos idées européennes avait l’éclat de l’or ; cette nuance ambrée, semblable à celle que le temps a donnée aux chairs peintes par Titien, n’empêchait pas, pourtant, les roses de la fraîcheur de s’épanouir sur les joues de la jeune fille ; ses yeux, coupés en amande et surmontés de sourcils si nets qu’on eût pu les croire tracés à l’encre de la Chine, s’allongeaient vers les tempes, agrandis par une ligne de surmeh partie des paupières frangées d’un rideau de cils bleus ; les deux prunelles de ces yeux semblaient deux étoiles noires sur un ciel d’argent. Le nez mince, finement coupé, aux narines avivées de rose, por-