Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/194

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lier de marbre de la pagode de Benarès, et avec les formalités voulues ; elle a donc toutes ses vertus divines, et le succès de notre expérience est infaillible.

Le comte écoutait Priyamvada de toute son attention, sans se rendre compte de ce qu’elle voulait faire.

Elle ouvrit différentes boîtes d’où elle tira des poudres qu’elle disposa sur des brûle-parfums de porcelaine aux quatre coins de la table ; de légers nuages bleuâtres commencèrent à s’élever en spirales et à répandre une odeur pénétrante.

— Maintenant, dit Priyamvada à Volmerange, penchez votre visage sur cette coupe, et plongez votre regard dans l’eau qu’elle contient avec toute la fixité dont vous serez capable, pendant que je vais prononcer les paroles magiques et faire l’appel aux puissances mystérieuses.

Rien ne ressemblait moins aux sorcelleries ordinaires que cette scène : point de caverne, point de taudis, point de crapaud familier, pas de chat noir, pas de grimoire graisseux : une salle vaste et splendide, une coupe d’eau claire, des parfums et une jeune fille charmante ; il n’y avait là rien de bien effrayant, et pourtant ce ne fut pas sans un certain battement de cœur que Volmerange s’inclina sur la coupe. L’inconnu alarme toujours un peu, sous quelque forme qu’il se présente.

Debout près de la table, Priyamvada récitait à demi-voix et dans une langue inconnue à Volmerange des formules d’incantation. La plus vive ferveur paraissait l’animer ; ses yeux se levaient au plafond, et leurs prunelles, fuyant sous les