Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/20

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— J’y pense. Le prix n’est pas un obstacle ; en vous la payant plus que vous ne l’avez achetée, vous consentiriez sans doute à vous ou défaire ?

En disant ces mots, Jack, d’un air fort grand seigneur, laissa tomber négligemment à côté des autres pièces une dizaine de guinées, de manière à fermer presque entièrement le cercle d’or commencé.

— C’est un grand seigneur déguisé, se dit intérieurement l’hôtelier en faisant un signe d’acquiescement à la phrase péremptoire de Jack.

— Sans doute, à ces conditions-là, je pourrais consentir à m’en séparer, continua-t-il à haute voix. Et quand votre honneur aura-t-il besoin de la berline ?

— Sur-le-champ. Dites au postillon de s’habiller, et faites atteler le plus promptement possible.

— Deux minutes pour sortir la voiture de la remise, dix minutes pour harnacher les chevaux et les attacher au brancard, cela fait douze, et trois à Little-John pour mettre sa veste, entrer dans ses bottes et remettre une mèche neuve à son fouet ; total, quinze minutes ; et vous roulerez sur le chemin du plus joli train du monde.

— Quinze minutes, mais pas une de plus, dit Jack en tirant de son gousset une grosse montre d’agent, ou, par minute de retard, j’applique sur votre précieux abdomen une de ces tapes qui vous mettent de si mauvaise humeur.

Pour éviter un semblable inconvénient, maître Geordie sortit précipitamment et donna les ordres