Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/205

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pa. De sa main devenue libre, il empoigna son ennemi à la gorge.

La chute des deux adversaires avait eu lieu près de la fosse ouverte. En se roulant par terre dans les soubresauts et les convulsions de ce combat de cannibales, Volmerange et Dolfos arrivèrent près du trou béant et y roulèrent sans se quitter pêle-mêle avec la terre éboulée.

Seulement Dolfos était dessous. Les doigts de Volmerange s’incrustaient dans ses chairs et l’étranglaient comme fait une garotte espagnole. L’écume montait aux lèvres du misérable ; un râle sourd grommelait dans sa gorge, et ses membres se raidissaient… Mais bientôt ses tressaillements cessèrent, et Volmerange s’arrachant à l’étreinte du cadavre, s’élança sur le bord de la fosse et dit :

— Un mort qui s’est enterré lui-même ; on n’est pas plus complaisant que cela ! Et prenant la bêche, il recouvrit en toute hâte le corps du vaincu, égalisant la terre avec soin et piétinant sur la place pour faire affaisser le sol nouvellement remué.

— Maintenant que ce compte est réglé, allons voir Priyamvada et quittons cette vieille Europe où je laisse deux cadavres !