Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/225

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dant miss Edith, il ne put s’empêcher de trouver qu’elle n’était pas inférieure en beauté à miss Amabel Vyvyan.

Edith, sans en avoir la conscience bien distincte, éprouvait un certain plaisir à être vêtue avec les habits de son sexe. Ses blanches draperies, ce fin chapeau de paille, ces nœuds de rubans l’égayaient malgré elle. L’idée de débarquer lui était agréable. Une longue traversée est si ennuyeuse, que la terre même la plus aride et la plus inhospitalière vous paraît un séjour préférable à celui du navire ; et depuis trois mois Edith n’avait vu que le ciel et l’eau.

En se trouvant assise à l’arrière du canot à côté de sir Benedict Arundell, elle éprouva comme un sentiment de bien-être et de délivrance, et un rayon plus clair illumina sa belle figure ordinairement si mélancolique.

La mer était assez calme et le canot poussé par six vigoureux avirons s’avançait rapidement du côté de la terre.

L’on aborda, et Benedict tendit la main à miss Edith pour sauter hors du canot. Jack et Saunders chargèrent sur les épaules de pauvres diables basanés et cuivrés les caisses que sir Arthur Sidney avait fait remplir de tous les objets nécessaires à l’installation du jeune ménage.

Saunders eut bientôt trouvé par la ville une maison convenable où le jeune couple, après avoir satisfait les autorités en leur montrant des papiers parfaitement en règle fournis par le prévoyant Sidney, s’établit sous le nom de M. et Mme Smith.

D’après la fable répandue par Jack, Mme Smith,