Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/239

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et dont les yeux offraient la particularité d’avoir des prunelles d’un bleu sombre.

Il portait le costume des guerriers mahrattes, mais beaucoup plus riche et plus orné ; une cotte de mailles d’acier défendait sa poitrine et descendait jusqu’au bord de sa tunique jaune ; de larges pantalons rouges arrêtés aux chevilles par une coulisse, un turban de mousseline enroulé sur une calotte de fer, complétaient, son habillement.

Quelques cercles d’or jouaient à son poignet. Un sabre courbe, au fourreau de velours, tout constellé d’or et de pierreries, pendait à son côté. Sur son bras gauche s’ajustait un bouclier de cuir d’hippopotame, bosselé de boules de métal. Sa main droite s’appuyait sur un long fusil incrusté de nacre de burgau et d’argent.

Le vieux brahmine était, comme vous l’avez sans doute deviné, le Dakcha dont nous avons fait connaissance à Londres.

La jeune fille ressemblait à s’y méprendre à Priyamvada, et quant au guerrier habillé en Mahratte, ses traits et ses yeux bleus le désignent malgré son déguisement pour le comte de Volmerange en Europe, membre de plusieurs clubs dans l’Inde, descendant des rois de la dynastie lunaire.

Dakcha s’avança vers les trois plus maigres et plus desséchés brahmines, et prenant par la main Volmerange, il le mena sous la lampe dont la lueur lui faisait une espèce de nimbe, et le présenta aux personnages qui paraissaient les plus influents de l’Assemblée.

— Il a l’air d’un Pradjati, murmura l’assistance