Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/238

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austères, le portaient en peau de serpent ; tous étaient d’une maigreur ascétique : à travers l’ouverture de leur tunique on apercevait leur poitrine sèche et leurs côtes aussi accusées que celles d’un squelette. Ils restaient là immobiles, marmottant des prières, et paraissaient attendre avec le flegme indou quelqu’un d’important qui n’était pas encore arrivé.

Derrière eux se massait une foule confuse et cuivrée, dont les premiers rangs seuls étaient visibles, ébauchés qu’ils étaient par les rayons rougeâtres de la lampe ; le reste se perdait, à quelques pas, dans l’ombre dont il avait la couleur : d’instant en instant une ombre nouvelle venait se fondre silencieusement dans les groupes.

Enfin un mouvement se fit : la foule ouvrit ses rangs, et bientôt parurent, dans l’endroit où tombaient les plus vifs rayons de la lampe, trois personnages nouveaux dont l’arrivée fut saluée par un murmure de satisfaction.

L’un était un vieux brahmine sec et jaune comme une momie, à la mine inspirée et aux yeux flamboyants, couvert d’une robe de mousseline qui lui traînait sur les talons.

L’autre était une jeune fille, aussi belle que Sacountala ou Vasatensena ; un voile transparent cachait à demi son riche costume, dont on voyait sous la gaze pétiller les broderies et les paillettes. En marchant, ses colliers, les anneaux de ses bras et de ses jambes rendaient un son métallique.

Quant au troisième, c’était un beau jeune homme, au teint plus clair que celui de la jeune fille,