Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/241

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ont fourni des chevaux, et cinquante éléphants de guerre, parqués au milieu d’une forêt impénétrable peur qui n’en sait pas les détours, n’attendent que le signal, garnis de leurs tours et de leurs cornacs, répondit Sarngarava ; la province se soulèvera comme un seul homme.

— Ô vénérable Trimurti, Wishnou, Brahma, Shiva, sois remercié, toi qui m’as permis de vivre jusqu’à ce jour, tout vieux et tout cassé que je sois dit Dakcha, dont les mains sèches tremblaient de plaisir. Oui, nous réussirons, j’en ai la certitude ; nous serons aidés dans notre entreprise par les puissances célestes. Brahma me montre l’avenir : le dieu de la guerre, dans son dernier avatar, a pris la forme humaine, et il va venir à notre secours du côté de l’Occident, monté sur un aigle divin beaucoup plus grand et plus fort que l’oiseau Garuda qui tient la foudre dans ses serres et de son bec d’acier achève les bataillons qu’a renversés le vent de ses ailes. Ce dieu tirera sept flèches sur les Anglais qui fuiront épouvantés, et nous deviendrons maîtres des sept douipas dont se compose le monde, comme on le voit au saint livre des Pouranas.

Cette péroraison bizarre, dite avec un accent de conviction profonde, produisit beaucoup d’effet sur l’assemblée. Priyamvada, surtout, était enchantée, et croyait déjà voir arriver l’oiseau merveilleux portant le héros assis entre ses ailes.

— Barahta, nous te replacerons sur le trône de tes ancêtres, dit Saradouata ; jure de combattre avec nous jusqu’au dernier soupir, et si tu réussis, d’empêcher partout le meurtre des animaux sacrés !