Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/257

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salée que le vent arrache aux flots en tumulte, Jack et Saunders, avec l’impassibilité dévouée de dogues attendant les ordres du maître, sir Arthur Sidney nerveux, tremblant, presque convulsif, comptant chaque minute comme une éternité, se mordant les lèvres, se labourant la poitrine avec les ongles pour se faire prendre patience.

La nuit s’avançait, la tempête s’apaisait peu à peu. La mer fatiguée laissait retomber ses lames.

— Que font-ils donc ? murmura Sidney, le jour va paraître bientôt.

En effet, l’aurore raya le bas du ciel d’une barre de lumière blafarde, puis le soleil sanguinolent montra, au dessus des flots montueux et frémissant encore des colères de la nuit, son disque échancré par la ligne onduleuse de l’horizon.

La Belle Jenny se balançait dans le lointain.

Il faisait jour et l’empereur n’était pas venu !