Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/294

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ver pour un Newton de l’avenir, et s’ils le contrariaient, c’était par une curiosité d’expérimentateur : ils agitaient le monde comme un physicien remue un verre pour mêler les liquides et les voir ensuite reprendre leur place selon leur pesanteur spécifique.

Sir Arthur Sidney, Benedict Arundell, le comte de Volmerange, Dolfos et Dakcha appartenaient à cette puissante association. Sidney et Dakcha, membres du cycle supérieur, avaient le droit de choisir parmi leurs frères ceux qu’ils jugeaient nécessaires à l’exécution de leurs projets. Benedict et Volmerange, qui, malgré leur serment, avaient disposé de leurs personnes, avaient été ramenés au devoir de la manière qu’on a pu lire dans ce récit. Toutes ces existences troublées ou perdues, ces sacrifices d’argent, de courage et de génie n’avaient eu aucun résultat : le joueur invisible avait toujours gagné.

Le peu que nous venons de dire suffira pour faire comprendre le but et les moyens de cette association, espèce de Saint-Vœhmé philosophique qui déploya une énergie inouïe et des ressources immenses pour substituer dans l’histoire la volonté humaine à la volonté divine.

Ces hommes peu religieux et qui ne croyaient qu’à la force et au génie, avaient pris la Providence pour le hasard, et ôtant la plume des mains de Dieu, avaient tenté d’écrire à sa place sur le volume éternel.

Maintenant, comme c’est l’usage à la fin d’un récit, il ne nous reste plus qu’à fixer le sort du