Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/298

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son gré, et par un hasard singulier, c’était elle qui avait recueilli le testament de son ancien maître.

Maintenant, disons ce que nous avons pu apprendre de Dakcha. Après avoir trouvé le corps de Priyamvada près celui de l’éléphant, il l’enterra en observant exactement tous les rites. Il reprit le cours de ses austérités : il a inventé une position effroyablement gênante et qui doit faire le plus grand plaisir aux trinités, aux quadrinités et aux quinquinités de l’Olympe indou. Il ne désespère pas encore du rétablissement de la dynastie lunaire, et attend toujours Volmerange. Ses doigts desséchés froissent plus activement que jamais l’herbe cousa, et ses lèvres noires marmottent, avec une délirante expression de piété, l’ineffable monosyllabe qui renferme tout et autre chose.

Selon l’idée qu’il a eue pendant la bataille, ce n’est plus avec trois crochets passés sous les muscles du dos qu’il se fait donner l’estrapade, mais avec cinq. Grâce à cet ingénieux raffinement de pénitence, il pense que les Anglais seront chassés de l’Inde et qu’il obtiendra du ciel la faveur de mourir en tenant la queue d’une vache, opinion qui ne l’empêche pas d’être un très profond philosophe, un diplomate impénétrable, un politique de première force, de soulever sourdement des provinces, de creuser des étages d’intrigues souterraines, tout en restant assis sur sa peau de gazelle entre quatre réchauds, et de donner beaucoup de tablature à l’administration de la compagnie des Indes.