Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

siner, indiquant une chambre éclairée, dont les lumières filtraient à travers les ais d’une porte mal jointe.

Le guide pousse un piaulement bizarre, — signe convenu de reconnaissance.

Un grincement de verrous se fit entendre à l’intérieur, et la porte s’entrebâillant laissa tomber subitement dans le noir passage un rouge flot de clarté.

Usant de nos privilèges de romancier, nous pénétrons avant l’étranger dans ce bouge étrange où il semblait attendu, quoiqu’à vrai dire il fût impossible de deviner quelles espèces de relations pouvaient exister entre ce jeune homme à figure noble et pure et les hôtes bizarres de ce taudis.

C’était une chambre assez grande où le principal objet qui saisit d’abord les yeux était une cheminée de forme ancienne, où grésillait dans une grille un feu très vif de charbon de terre, dont les reflets flamboyants illuminaient la pièce, car il fallait compter pour rien ce jour louche et douteux tombant d’une fenêtre dont les carreaux inférieurs étaient soigneusement barbouillés de blanc d’Espagne, et qui s’ouvrait sur un de ces puits sombres qu’on appelle des cours dans les grandes villes ; les deux vitres restées claires ne laissaient voir que des auvents et des toits désordonnés de tuiles d’un ton criard, que des tuyaux et des cages de planches noires, toutes les misères intérieures d’une bâtisse ignoble et pauvre.

Les murailles mises à nu par le frottement des épaules, dans les portions inférieures, conservaient dans le haut quelques traces d’une peinture