Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/52

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— Est-ce que vous le connaissez, Saunders, ce gentleman ? continua l’interlocuteur.

— Non, répliqua Saunders, décidément ami du style monosyllabique.

— Ah ! ajouta, comme pour fermer la conversation, le personnage à l’habit noir, en s’accoudant à la table d’un air méditatif.

Saunders se leva, et, se dirigeant du côté du foyer, présenta à la flamme la substance brune, qu’il étala sur le linge coupé en forme de masque.

— Est-ce que vous avez envie de vous déguiser et d’aller au bal masqué avec la belle Nancy ? reprit le parleur obstiné.

— J’ai une démangeaison furieuse, Noll, de te camper cet emplâtre sur le museau et de te clore ainsi le bec, insupportable bavard ! répondit Saunders avec un grognement aussi agréable que celui d’un ours blanc agacé sur une banquise par une gaffe de baleinier. Au lieu de me questionner, va plutôt lever la trappe, et appelle pour savoir si les autres sont arrivés.

Noll se dirigea vers un coin de la pièce, déplaça une malle et quelques paquets, saisi un anneau incrusté dans le plancher, et souleva, avec l’aide de son camarade Bob, une trappe assez lourde.

Lorsque la trappe s’ouvrit, une bouffée d’air froid et chargé de vapeurs d’eau s’engouffra dans la chambre.

Bob, roidissant ses bras, qui, bien que minces et décharnés, ne manquaient pas de vigueur, soutint la trappe à demi entr’ouverte.

S’agenouillant sur le bord de la cavité, Noll