Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/86

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te, annonçait une force plus qu’ordinaire. Malgré l’élégance patricienne de sa taille, la largeur de sa poitrine et les muscles de ses bras, visibles même sous le drap de ses manches, démontraient une vigueur d’athlète.

Cette nature robuste, assouplie par l’élégance et la parfaite tenue du gentilhomme, avait une grâce extrême, la grâce de la force.

On partit pour l’église…

Cette église se trouvait être celle de Sainte-Margareth, dans Palace-Yard, et sous le porche de laquelle miss Amabel Vyvyan, pâle comme une statue d’albâtre sur un tombeau, attendait son fiancé.

Les voiles d’Edith frôlèrent en passant l’épaule d’Amabel.

Quant à Volmerange, tout entier à son bonheur, il ne jeta pas même un regard sur cette jeune fille inquiète arrêtée au seuil du temple et cherchant à percer le brouillard de sa vie.

Et cependant deux destinées venaient à passer l’une à côté de l’autre.

Amabel ne fit pas la moindre attention à cet incident. Tout entière à la pensée de Benedict, aux angoisses de l’anxiété, à l’embarras de cette situation gênante, elle ne remarqua ni Edith, ni Volmerange, aucun tressaillement ne les avertit.

Ceux-ci entrèrent dans la noire église, et la cérémonie s’acheva au son des rafales qui faisaient battre les portes et gémissaient dans les nefs encombrées d’ombres ; le brouillard se résolvait en pluie, et de larges gouttes chassées par le vent cin-