Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/134

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drame est bon. Je serais un grand sot, et je mériterais d’entrer à l’Académie, sur l’heure, si je ne parvenais à y broder quelques petits incidents un peu byroniens. Si ce garde national de mari pouvait être jaloux seulement, cela serait à merveille, et rien ne serait plus facile que de faire avec cela une comédie de cape et d’épée, dans le goût espagnol. Anathème ! je suis fatal et maudit, rien ne va comme je veux ;

— Hop ! Mariette, ouvrez aux chats, et faites-moi à déjeuner.

Mariette, comme une servante-maîtresse qu’elle était, ne se dépêchait pas trop d’obéir ; enfin elle ouvrit, et trois ou quatre chats, de grosseur et de pelage différents, allèrent prendre place sans façon dans le lit, à côté du passionné Rodolphe ; car, après les femmes, les bêtes étaient ce qu’il aimait le mieux. Il les aimait comme une vieille fille, comme une dévote dont son confesseur même ne veut plus, et je puis assurer qu’il mettait un chat infiniment au-dessus d’un homme, et immédiatement au-dessous d’une femme. Albert avait essayé en vain de supplanter, dans l’affection de Rodolphe, Tom, son gros matou tigré : il n’avait pu obtenir que la seconde place : je crois même qu’il aurait hésité entre sa petite chatte blanche et la brune madame de M***.

— Mariette !

— Monsieur.

— Approchez donc.