Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/144

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— Tenez, voilà vos pantoufles, fit-elle avec un geste amical ; voici Tom, votre chat favori ; voilà votre volume de Rabelais ; que voulez-vous de plus ? D’ailleurs, vous n’êtes pas si mal en bonnet de coton que vous voulez bien le croire, et vous en auriez deux ou trois douzaines sur la tête que je ne vous en trouverais pas moins bien, moi !

Mariette appuya très-fort sur le moi ; ce ne pouvait être que dans une excellente intention. Mariette, comme je l’ai déjà dit, était une belle et bonne fille ; quant à l’interprétation que donna Rodolphe à cet honnête monosyllabe, mes belles lectrices, je n’ose vous le dire, de crainte d’alarmer votre pudeur, et, s’il vous plaît, nous passerons dans la pièce à côté pour ne pas le gêner dans ses commentaires. Convenez que mon héros est un abominable mauvais sujet, et dites-moi pourquoi chaque élan de passion poétique qui le prend se résout en prose au bénéfice de Mariette.

— Ô Mariette ! au lieu d’être jalouse, tu devrais souhaiter que ton maître fût amoureux de vingt femmes ! tu ne saurais qu’y gagner.

Deux fois, dans la même journée, infidèle à l’idole de son cœur ! Immoral personnage ! l’envie me prend de laisser là ton histoire ; car tu ne vaux guère que l’on entretienne le public de tes faits et gestes. Si tu ne te corriges, j’y renoncerai assurément.

— Fi donc ! avec sa servante ! — Oui, madame, avec sa servante. — Comment ! un homme qui se respecte ? Je vous assure que Rodolphe se res-