Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/168

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lièrement instructives, que la bégueulerie du siècle remplace par une ligne de points.

Mais un de mes amis, en qui j’ai pleine confiance, à ce point que je ne crains pas de lui lire ce que je fais, a prétendu que la chasteté de la langue française s’opposait impérieusement à ce qu’on insistât sur de pareils détails, telle édification qu’il pût, d’ailleurs, en résulter pour le public.

J’aurais bien pu lui répondre que la langue française, toute précieuse qu’elle fût, se prêtait néanmoins à de certaines choses, et que, pour vertueuse qu’elle se donnât, elle savait cependant trouver le petit mot pour rire. Je lui aurais dit que tous les grands écrivains qui s’en étaient servis s’étaient permis avec elle de singulières privautés, et lui avaient fait débiter mille et mille choses pour le moins incongrues.

J’en aurais appelé à vous, Molière, la Fontaine, Rabelais, Béroald de Verville, Régnier, et toute la bande joyeuse de nos bons vieux Gaulois.

Mais j’ai l’habitude de me soumettre en tout aux décisions de mon ami, pour me soustraire aux : « Je te l’avais bien dit ; tu ne veux jamais me croire, » dont il ne manquerait pas de m’assommer, si le passage censuré s’attirait l’animadversion de la critique.

D’ailleurs, le public n’y perdra rien ; je me propose de restituer tous les passages scabreux et inconvenants dans une nouvelle édition, et de les rassembler à la fin du volume, comme cela se pratique