Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/169

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dans les éditions ad usum Delphini, afin que les dames n’aient pas la peine de lire le reste du livre, et trouvent tout de suite les endroits intéressants.

Cependant, malgré les scrupules de mon ami, je ne crois pas devoir user de la même retenue pour le dialogue que pour la pantomime, et je prends sur moi de rapporter ici la conversation de Rodolphe et de madame de M***, laissant à l’intelligence exercée de mes lectrices le soin de deviner quelles circonstances ont donné lieu aux demandes et aux réponses.

madame de m***. — Laissez-moi, monsieur cela n’a pas de nom.

rodolphe. — Vous laisser ! Ce sont les autres femmes qu’on laisse, et non pas vous. C’est une chose impossible que vous demandez là ; et, quoique vous soyez en droit d’exiger l’impossible, la chose que vous demandez est précisément la seule que l’on ne puisse faire pour vous ; c’est comme si vous commandiez qu’on ne vous trouvât pas belle. Permettez, madame, que je vous désobéisse.

madame de m***. — Allons, Rodolphe… mon ami, vous n’êtes pas raisonnable.

rodolphe. — Mais il me semble que si. Je vous aime ; qu’y a-t-il là de si extravagant, et qui n’en ferait autant à ma place, sinon plus ? C’est une mauvaise fortune dont il faut vous prendre à votre beauté. Ce n’est pas tout profit que d’être jolie femme.

madame de m***. — Je ne vous ai pas donné lieu par ma conduite d’en user de la sorte avec moi. Ah !