Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/170

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Rodolphe, si vous saviez la peine que vous me faites !

rodolphe. — Assurément mon intention n’était pas de vous en faire, et vous me pardonnerez un tort involontaire. Ah ! Cyprienne, si vous saviez comme je vous aime !

madame de m***. — Je ne veux pas le savoir je ne le puis ni ne le dois.

rodolphe. — Et pourtant vous le savez.

madame de m***. — Voilà bientôt une heure que vous me le dites.

rodolphe. — Une heure, c’est beaucoup pour convaincre d’une chose si facile à croire ; il y a trois quarts d’heure que je ne devrais plus vous le dire, mais vous le prouver. Je diffère entièrement de vous ce point. Si vous me disiez que vous m’aimez, moi, je le croirais tout de suite.

madame de m***. — Et que risqueriez-vous à le croire ?

rodolphe. — Ni plus ni moins que vous à le dire.

madame de m***. — Il n’y a pas moyen de parler avec vous.

rodolphe. — Vous voyez bien que si, puisque vous parlez. Toutefois, si vous le préférez, je m’en vais me taire. (Silence.)

madame de m***. — Il va faire nuit, on n’y voit presque plus ; monsieur Rodolphe, voulez-vous avoir la bonté de sonner, qu’on apporte de la lumière ? Cette chambre est d’un triste !

rodolphe. — Est-ce que vous voulez lire ou travailler ? Cette chambre n’est pas triste ; je la trouve