Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/188

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Ils vinrent à lui d’un air de contentement ineffable, Tom faisant chatoyer ses grandes prunelles vertes, la petite chatte en faisant le gros dos, le chat angora en dressant sa queue comme un plumet, et ils lui souhaitèrent sa bienvenue au mieux qu’ils purent.

Mariette vint aussi mais elle avait l’air triste, et lorsque Rodolphe, après l’avoir baisée au front assez distraitement, lui mit la main sur l’épaule pour passer dans sa chambre, au lieu de la hausser amicalement pour lui en éviter la fatigue, elle s’affaissa de telle sorte, que la main de Rodolphe glissa et retomba au long de son corps.

Rodolphe, occupé de tout autre chose, ne fit pas attention à ce mouvement, et se coucha d’assez mauvaise humeur pour un homme qui vient d’avoir une bonne fortune.

Mariette, avant de se retirer, tracassa longtemps dans la chambre, remua des porcelaines, ouvrit et ferma plusieurs tiroirs, et mit tout en œuvre pour attirer l’attention de Rodolphe, et peut-être pour se faire engager à rester ; mais Rodolphe avait d’excellentes raisons pour n’en rien faire. Voyant qu’elle n’y parvenait pas, elle prit le bougeoir, et se retira en jetant sur son maître, plus d’à moitié endormi, un long regard plein d’amour et de colère.

Le lendemain matin, quand Mariette entra pour lui apporter à déjeuner, Rodolphe fit cette remarque qu’elle avait les yeux rouges.