Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/196

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— Diable ! diable ! voici qui est prodigieux, murmura intérieurement Rodolphe. Est-ce que par hasard il n’aurait pas reçu ma lettre ? Ce vieux drôle a un air de sécurité tout à fait insultant.

La conversation roula pendant quelque temps sur des choses si insignifiantes, que ce serait une cruauté hors de propos que d’en assassiner le lecteur. Nous la reprenons à l’endroit intéressant.

le mari. — À propos, Rodolphe, vous ne savez pas une chose ?

rodolphe. — Je sais plusieurs choses, mais je ne sais pas celle dont vous voulez me parler, ou du moins je ne m’en doute pas.

le mari. — Je vous le donne en cent, je vous le donne en mille !

rodolphe. — Frédérick a chanté juste ?

le mari. — Non.

rodolphe. — Onuphre est devenu raisonnable ?

le mari. — Non.

rodolphe. — Théodore a payé ses dettes ?

le mari. — Plus drôle que cela.

rodolphe. — Un cheval de fiacre a pris le mors aux dents ? un académicien a composé une ode lyrique ?

le mari. — Toujours romantique ! vous êtes vraiment incorrigible. Mais ce n’est pas cela : allons, devinez.

rodolphe. — Je m’y perds.

le mari, avec triomphe. — Mon ami, vous êtes un scélérat.