Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/208

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lui ai adressés comme des vers perdus. Oh ! ma pauvre échelle de soie, avec quoi je pensais grimper à son balcon, je vois bien qu’il faut renoncer à se servir de toi, et continuer à passer bêtement par l’escalier, comme monsieur le mari. Enfin, ne sachant plus où donner de la tête pour mouvementer un peu ce drame sans action, je me suis décidé à écrire au mari, sous le voile de l’anonyme, que j’étais du dernier mieux avec sa femme ; j’espérais qu’il prendrait de la jalousie et ferait quelque scène ; tout cela n’a abouti qu’à une citation de Gresset et à une invitation à revenir le lendemain.

albert. — Tout cela est fort douloureux, et je te conseille d’en faire un roman intime en deux volumes in-octavo : j’ai un libraire dans ma manche ; il ne demanderait pas mieux que de le prendre ; mais je ne vois pas autrement en quoi je te puis rendre service.

rodolphe. — M’y voici. Tu es mon ami intime.

albert. — C’est un honneur que je partage avec deux ou trois cents autres.

rodolphe. — Eh bien ! pour l’amour de moi, fais la cour à madame de M***.

albert. — À ta maîtresse ?

rodolphe. — Oui.

albert. — Pardieu ! ceci est nouveau. Je présume que tu veux te moquer de moi.

rodolphe. — En aucune manière. Ce que je dis est-il donc bouffon ?

albert. — Passablement.