Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/211

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saient à rien, abandonna la partie, et reprit la lecture qu’il avait interrompue.

Au bout d’une heure, Mariette rentra ; elle était habillée et portait sous son bras un paquet assez gros. Rodolphe leva la tête, et la vit qui se tenait debout adossée au mur, sans proférer une seule parole.

rodolphe. — Que signifie tout ceci, Mariette, et pourquoi avez-vous un paquet sous le bras ?

mariette. — Cela signifie que je m’en vais et que je vous demande mon congé.

rodolphe. — Votre congé ? et pourquoi donc ? N’êtes-vous pas bien ici, et mon service est-il si pénible que vous ne puissiez en venir à bout ? Alors prenez quelqu’un pour vous aider, et restez.

mariette. — Monsieur, je n’ai pas à me plaindre, et ce n’est pas là le motif pourquoi je vous quitte.

rodolphe. — Est-ce que j’aurais oublié, par hasard, de te payer ton dernier quartier de gages ?

mariette. — Je ne m’en irais pas pour cela, monsieur.

rodolphe. — Alors, c’est que tu as trouvé une meilleure maison que la mienne ?

mariette. — Non car je m’en retourne chez nous, chez ma mère.

rodolphe. — Tu ne t’en retourneras pas, car je veux te garder, moi. Quel est donc ce caprice ?

mariette. — Ce n’est pas un caprice, ô mon maître ! c’est une résolution immuable.

rodolphe. — Une résolution immuable ! c’est un