Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/254

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teur, une toute petite description qui, Dieu et les épithètes aidant, n’aura guère que cinq ou six pages. Je ne sais pas si vous vous en souvenez (pourquoi vous en souviendriez-vous ? on oublie bien son chien et sa maîtresse) ; mais j’ai promis, quelques lignes plus haut, de vous régaler du beau style et des belles manières de dire en usage aujourd’hui.

Vous devez être las de m’entendre jargonner, dans mon grossier patois, comme un vrai paysan du Danube que je suis, et que je serai probablement jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de me retirer de ce monde.

Cette description sera aussi belle que celle par où commence ce conte panthéistique et palingénésique. Si toutefois (ce dont je doute) elle ne vous satisfait pas complétement, j’espère, mesdames, que vous daignerez m’excuser, vu le peu d’habitude que j’ai de ces sortes de choses.

Certes, c’était un spectacle étrange à voir que tous ces jeunes hommes réunis autour de cette table on eût dit un sabbat de sorciers et de démons…

Pouah ! pouah voilà un commencement fétide, c’est le poncif de 1829. Cela est aussi bête qu’un journal d’hier, aussi vieux qu’une nouvelle de ce matin. Si vous n’êtes pas difficile, lecteur, moi je le suis, et, comme Cathos ou Madelon des Précieuses ridicules, il n’y a pas jusqu’à mes chaussettes qui ne soient de la bonne faiseuse, il n’y a pas jusqu’à mes descriptions qui ne soient dans la dernière mode : donc je recommence.

Oh ! l’orgie laissant aller au vent sa gorge folle,