Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/33

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de l’âme à celle du corps. À bien fouiller la vertu des femmes, il ne reste à l’analyse que des vices, l’orgueil et la peur. Quelle est la femme qui, sûre du secret, aura la force de résister ? aucune ; c’est ce qui explique pourquoi les prêtres avaient tant de femmes autrefois. Quelle est la femme qui, arrivée au bout de sa carrière, ne se soit pas repentie d’avoir été vertueuse ? quelle est la femme qui n’a pas souhaité d’être homme ?

Il y a des femmes qui restent vertueuses pour se donner le plaisir de déchirer celles qui ne le sont pas : celles-ci par la crainte qu’elles ont de celles-là ; d’autres par nonchalance ou faute d’occasions ; d’autres enfin par impuissance ou froideur naturelle, parce qu’elles n’ont ni cœur, ni entrailles, parce qu’elles ne sentent ni ne comprennent rien : ce sont les pires de toutes et les plus communes.

Au fond, il n’y a guère que le moyen de corruption qui varie ; elles sont toutes corruptibles. Une cède parce que son orgueil est flatté, parce que vous êtes pair de France, que vous êtes duc, que vous avez une célébrité quelconque ; une parce qu’elle aime les parures, les diamants et les plumes ; l’autre, pour tout autre motif, pour avoir quelqu’un à qui parler, à qui donner le bras ; c’est un grand hasard quand il y en a une qui cède par amour : ce sont là les vertueuses, à mon sens.

Celle qui tient encore à cent mille francs, céderait à deux cents. Il y a là-dessus un trait historique