Page:Gautier - Portraits du XIXe siècle, Poëtes et romanciers.djvu/281

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belle intelligence n’a pas toujours été éclairée des vives lueurs de la vérité, et qu’enfin nous avons affaire à un converti. Mais cette distinction, j’aurais voulu qu’on l’établît très clairement dans l’édition que j’ai sous les yeux. Puisqu’il y a deux Ourliac, celui d’avant et celui d’après la venue de la Lumière, j’aurais désiré qu’on divisât lucidement ses Œuvres complètes en deux catégories distinctes, et qu’elles fussent ainsi un reflet exact de sa vie tout entière. Pourquoi, d’ailleurs, avoir publié certaine nouvelle que je ne veux pas nommer, dont Nazarille est le héros, et qui est véritablement révoltante[1] ? Pourquoi avoir donné ce titre de Contes sceptiques et philosophiques à un volume où abondent au contraire les Nouvelles les plus réellement chrétiennes ? Je suis tout prêt à reconnaître le soin pieux que l’on a mis à reproduire tant de chefs-d’œuvre charmants, et je ne voudrais pas être ingrat envers ceux qui les remettent en lumière ; mais je ne saurais abdiquer mes droits de chrétien devant l’œuvre d’un chrétien. Ce que j’avais sur le cœur, je l’ai dit.

Et je demande à mes lecteurs la permission de donner maintenant aux œuvres d’Ourliac une division nouvelle que je crois plus exacte et surtout plus chrétienne.

Tout d’abord (le fait n’est malheureusement que trop vrai), certaines de ses nouvelles méritent ce nom de sceptiques qu’on a, suivant moi, mal appliqué à d’autres. Sous ce titre donc : Contes sceptiques et philosophiques, j’aurais désiré qu’on réunît tous les récits où ce personnage créé par Ourliac, Nazarille, joue le rôle principal. Qu’est-ce que Nazarille ? C’est le gamin de Paris, sceptique, rail-

  1. Je dois tout au moins mentionner le volume où se trouve ce conte dangereux, de peur qu’il ne tombe entre des mains chrétiennes : ce sont les Confessions de Nazarille.