Page:Gautier - Portraits du XIXe siècle, Poëtes et romanciers.djvu/284

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a dû y avoir quelque peine ; car il y avait en lui l’étoffe de je ne sais quel Henri Monnier d’ordre supérieur. Il y avait en lui du photographe, si je puis parler ainsi, et si l’artiste a dominé, c’est que le Christianisme est enfin venu apporter à ce vif esprit l’idéal jadis absent. Et ne me dites pas ici que je me livre à des phrases sans signification, lorsque je parle de « nouvelles réalistes. » J’entends par là toutes celles où n’apparaît aucune figure aimable et belle, vertueuse et pure. De même que j’entends par toiles réalistes celles où il n’y a que de la boue, du fumier et des êtres laids, sans le contraste nécessaire de la beauté et de la lumière. Si Ourliac n’était pas devenu chrétien, il eût tourné au Champfleury.

Mais voici que j’arrive à la période catholique de cette vie qui fut courte et agitée.


III

C’est Ourliac lui-même qui avait trouvé ce titre excellent : Contes du Bocage, et il importe de le conserver à toutes ces nouvelles charmantes qu’il a consacrées à la Vendée et aux Vendéens. Personne n’a peut-être mieux compris le caractère religieux de ces luttes de géants ; personne n’a peut-être mieux su donner l’élément politique, dans ces plus quam civilia bella, un rang honorable qui ne fût pas le premier. Le Chemin de Kéroulaz peut passer pour le type de ces contes trop historiques, hélas ! Ils sont pleins de la grandeur vendéenne elle-même, qui a passé tout entière dans l’âme de l’écrivain. Notez qu’Ourliac était un ami profond de la nature, des arbres verts,