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PORTRAITS ET SOUVENIRS LITTÉRAIRES.

qui agitait alors la littérature. Il en était certes par le fond et la nouveauté des idées, par un certain germanisme intellectuel puisé dans la familiarité de Gœthe et de Schiller, d’Uhland et de Tieck, qu’il lisait en la langue originale ; mais il était, pour la forme, un disciple du XVIIIe siècle. Lorsque chacun cherchait les tournures excentriques et les couleurs violentes et se fût volontiers peint de vert et de rouge comme un Ioway partant pour la guerre, des plumes d’aigle sur la tête, des colliers de griffes d’ours au bas du col, des scalps, ou plutôt des perruques de classiques à la ceinture, pour avoir l’air plus étrange et plus formidable, lui se plaisait dans les gammes tendres, les pâleurs délicates et les gris de perle chers à l’école française de l’autre siècle. S’il admirait Hugo, il aimait Béranger ; il était ce qu’on