Page:Gautier - Portraits et Souvenirs littéraires, 1875.djvu/90

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jeunesse lorsqu’elle voyait se rapprocher ces belles mains pour applaudir son poëte favori. L’admiration était, du reste, un des besoins de cette généreuse nature, qui volontiers se faisait thuriféraire du génie. Avec quelle grâce elle maniait l’encensoir d’or, sachant y mettre toujours le parfum préféré, et ne le cassant jamais sur le nez de l’idole ! Quel divin plaisir c’était d’être loué par elle ! Lamartine, Victor Hugo, Balzac le savent, et d’autres qui le méritaient moins sans doute.

Pendant quatre ou cinq ans, nous ne la rencontrâmes plus ; il est vrai que nous menions alors une vie sauvage et truculente, dans cette impasse du Doyenné que le nouveau Louvre a fait disparaître, vêtu d’habits impossibles, les épaules inondées, comme par une crinière de lion, d’une chevelure plus que mérovin-