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de rienzi

Lorsqu’on le revoit agonisant, mais respirant encore pour souffrir, c’est dans l’antique donjon de ses ancêtres en Bretagne. L’écuyer fidèle Ta transporté là dans une barque à travers la mer. Il est maintenant à l’abri de toute surprise. Mais Iseult ?… lorsque ces yeux, qui semblent clos pour toujours, s’éveilleront à la vie, si la douce souveraine de cette âme ne les éclaire pas, ils se refermeront pour toujours. Iseult sait la retraité du bien-aimé, elle va voler vers lui, mais les minutes sont des siècles, la mer est déserte et vide jusqu’à l’horizon muet.

Voici qu’il revient à lui le héros, avec le nom chéri sur les lèvres. Tristan ne pouvait pas mourir puisque Iseult est encore dans l’empire du soleil. La porte de la mort qui s’était déjà refermée sur lui avec fracas se rouvre toute large devant le désir invincible, le désir de la revoir, celle avec qui seulement il peut s’anéantir dans la nuit éternelle.

Déserte et vide est la mer !

C’est alors que toute la furie du désespoir