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les maîtres chanteurs

— Lorsque, au plus fort de l’hiver, la neige couvrait la cour et le château, dit Walther, assis au coin du foyer tranquille, je lisais un vieux livre qui me parlait des charmes du printemps ; puis bientôt le printemps venait, et ce que, pendant les nuits froides, le livre m’avait enseigné, je l’entendais résonner dans les forêts, dans les prairies : c’est là que j’ai appris à chanter.

On pense quels cris, quels haussements d’épaule autour du jeune audacieux. On l’invite cependant à donner un échantillon de son talent. Il doit faire entendre une improvisation ; mais s’il offense les règles plus de sept fois, son œuvre sera déclarée sans valeur. Déjà, le marqueur, armé d’une ardoise et d’un morceau de craie, entre dans la guérite où il doit s’enfermer pour écouter le chant et marquer les fautes. Ce marqueur, c’est Beckmesser, le concurrent, le rival de Walther.

— Commencez ! crie-t-il du fond de sa logette.