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les maîtres chanteurs

Walther saisit ce mot qui lui est jeté comme un défi.

— Commencez ! s’écrie-t-il, c’est là le cri que le printemps jette à la nature et sa voix puissante résonne dans les forêts, dans les halliers, les échos lointains se la renvoient, alors tout s’éveille, tout s’anime. Les chants, les parfums, les couleurs vont naître à ce cri.

Toute la joie dont la fête du printemps peut emplir un cœur de jeune homme chante dans la voix de Walther. Mais les règles, qu’en fait-il ? et les fioritures ? et la tabulatur ? À chaque instant on entend grincer la craie sur l’ardoise et bientôt même le marqueur jaillit furieux de sa guérite déclarant qu’il n’y a plus de place sur la tablette. Alors toutes les langues se déchaînent, toutes les colères éclatent sur la tête du chevalier : il a entassé erreur sur erreur, bêtise sur bêtise, il ne sait pas le premier mot de l’art.

— Il s’est même levé brusquement de son siège ! s’écrie un maître à bout d’arguments.