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parsifal

d’être damné et d’officier ? Ô ! héritage douloureux qui m’est échu : je dois garder le plus sublime des sanctuaires, moi le seul pécheur entre tous ! Ô châtiment ! châtiment sans pareil, infligé par le miséricordieux, offensé, hélas ! à lui, à la grâce de son salut j’aspire avec ardeur du fond de mon âme ; par la pénitence expiatoire j’espère revenir à lui ; l’heure approche, un rayon descend sur l’œuvre saint, le voile tombe, la coupe sacrée s’empourpre avec un éclat lumineux ; enivré par la céleste jouissance de la douleur, je sens couler dans mon cœur la source du sang divin ; — mais alors l’onde impure de mon propre sang reflue impétueusement, dans un effarement sauvage, pour se jeter vers le monde de la concupiscence ; de nouveau elle rompt l’écluse et jaillit de la blessure, semblable à la sienne, faite par la lance qui ouvrit jadis au flanc du Rédempteur cette plaie qui pleure, dans l’ardeur sacrée de la pitié, des larmes de sang sur l’iniquité du monde !

« Comme du flanc divin, de ma blessure à