Page:Gautier - Richard Wagner et son œuvre poétique, 1882.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
acte premier

moi coule le sang ardent du pécheur, renouvelé sans relâche par la source du désir, du désir, qu’hélas ! nulle pénitence ne peut éteindre. — Pitié ! pitié ! Ô tout miséricordieux. Ah ! pitié, prends mon héritage, ferme la blessure, pour que je meure purifié et renaisse saintement en toi. »

Et tandis que le roi s’affaisse épuisé, les chevaliers murmurent à demi voix :

— Celui qui saura tout par compassion, l’être candide et pur, attends-le celui que j’ai élu.

— Telle est la révélation, attends avec espoir et officie aujourd’hui.

— Découvrez le Graal ! crie Titurel.

Le roi, en silence, s’est relevé, il ouvre la châsse d’or et en tire l’antique relique : cette coupe de cristal dans laquelle Joseph d’Arimathie recueillit jadis le sang du Christ : le Miraculeux Graal !

Une obscurité crépusculaire a envahi la salle, un seul rayon, venant d’en haut, tombe sur le Graal et l’embrase d’une lueur pourpre toujours croissante.