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acte troisième

du salut, à errer dans des espaces infrayés, une sauvage malédiction me condamne. Quand je croyais l’avoir trouvé, détresses sans nombre, luttes et combats, me chassaient du chemin. Alors je dus désespérer de garder sauve l’arme divine. Pour la préserver, pour la défendre, je me laissai blesser par toutes les armes, car je ne devais pas me servir d’elle dans le combat. Inviolée, je la gardai à mes côtés, elle que je ramène, elle qui brille là, radieuse et auguste : la sainte lance du Graal !

— Ô grâce ! Salut suprême ! Miracle saint et auguste ! s’écrie le vieillard avec enthousiasme ; si c’est une malédiction qui te chassa du vrai sentier, croisse. Seigneur, elle a cédé, car tu es dans le domaine du Graal, sa chevalerie t’attend. Ah ! elle a grand besoin du salut que tu apportes ! Depuis ce jour que tu vécus ici, le deuil et l’angoisse s’accrurent jusqu’à la détresse. Amfortas se révoltant contre sa blessure, dans une obstination farouche convoita la mort ; ni les supplications ni la douleur de ses chevaliers ne purent le décider à