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richard wagner

une effusion si vraie de les consoler que leur amour pour lui s’en serait accru.

« Chez Wagner c’est le second mouvement qui est le bon, » disait de lui un violoncelliste français qui avait tout quitté pour s’enrôler dans l’orchestre de Bayreuth ; un artiste de grand mérite, un homme d’esprit qui était un des préférés du maître.

En dépit de ces rudesses de manières Wagner est, quand il le veut, un véritable charmeur ; rien n’est comparable à la fascination qu’il exerce sur les interprètes qui travaillent sous ses ordres ; l’orchestre le plus hostile, le plus rebelle, est après quelques jours fanatisé ; il en est de même des chanteurs à qui il inspire des dévouements sans bornes. L’illustre Schnorr[1], le créateur du rôle de Tristan, dans lequel il fut sublime, s’écriait en rendant le dernier soupir : « Ce n’est donc pas moi qui chanterai Siegfried ! »

Il ne regrettait rien dans cette vie que la gloire d’interpréter les œuvres de Wagner.

Une des choses les plus remarquables

  1. Note wikisource : Ludwig Schnorr von Carolsfeld. Voir wikipédia