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richard wagner

aussi chez Wagner, c’est la gaieté juvénile qui éclate en lui si fréquemment ; cette bonne humeur pleine de charme que sa vie si tourmentée n’est pas parvenue à gâter. Sa causerie si attachante, si profonde, devient tout à coup, sans transition, pleine d’humour et de fantaisie. Il raconte d’une façon désopilante, avec une fine ironie qui n’appartient qu’à lui.

À Lucerne, il me surprenait encore par son adresse aux exercices du corps, sa singulière agilité ; il escaladait les arbres les plus hauts de son jardin à la grande terreur de sa femme, qui me suppliait de ne pas le regarder, parce que, si on lui faisait un succès, disait-elle, il n’y aurait plus moyen de l’arrêter dans ses folies.

Il travaillait alors très régulièrement, se levant de grand matin ; à midi il était libre, faisait de grandes courses ou se reposait en lisant, car il est très curieux de toutes les littératures et lit énormément.

Dans ces heures de tranquillité et de recueil-