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de rienzi

les faunes formaient sa cour, et des voix enchanteresses séduisaient ceux que d’impurs désirs guidaient vers la Montagne : des chemins inconnus s’offraient à leurs pas et ils étaient entraînés dans les mystérieux palais qu’elle enferme, dans le séjour d’éternelle perdition dont nul ne revenait.

Le chevalier Tannhauser, intrépide et curieux, trouva le chemin des grottes du Vénusberg, et, sept ans, fut l’époux de la déesse ; après quoi, rassasié de voluptés, dévoré de remords, aspirant à la douleur humaine, il parvint à s’arracher des bras de sa diabolique amante en invoquant le nom de la vierge Marie. Il alla se confesser au pape et implorer son pardon ; mais le pontife lui répondit, qu’ayant partagé les plaisirs de l’enfer, il était à jamais damné. Puis levant sa crosse, il ajouta : « Pas plus que ce bâton ne saurait reverdir, pas plus il n’y a de pardon pour toi. » La légende ajoute qu’au bout de trois jours la crosse se mit à fleurir en signe que la grâce céleste est plus grande que celle d’un pontife.