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à tristan et iseult

C’est de ce récit, agrandi par un souffle puissant, que Wagner a tiré son drame, en mêlant à son tissu la tradition sur les luttes fameuses des poètes chanteurs et aussi la figure chaste et mélancolique d’Elisabeth qu’il confond volontairement avec la sainte princesse dont la vie vertueuse illustra le château. Mais ce que Richard Wagner a voulu surtout développer dans cette œuvre merveilleuse, c’est la lutte éternelle de la chair et de l’esprit, de la bête et de l’ange qui sont en l’homme et se disputent son âme, et c’est ce qu’il a su rendre avec une clarté et une grandeur incomparable.

Les discussions soulevées jadis à Paris par les représentations de Tannhauser ont mieux fait connaître cette œuvre tombée que beaucoup d’autres illustrées par le succès ; il est donc inutile d’en parler davantage.

Lohengrin, qui n’a jamais été représenté à Paris et qui y est fort mal connu par des exécutions partielles des plus médiocres, est, chose étrange, presque populaire. Quiconque a entendu à l’orchestre le prélude qui figure